Capital et Idéologie : Droits de propriété et développement au 18e et 19e en Europe (Chapitres 4 et 5)
Découvrez les graphiques des quatrièmes et cinquièmes chapitres du dernier ouvrage de Thomas Piketty, retravaillés par mes soins et accompagnés d’une partie du cours de Piketty à NYU.
Vous pouvez retrouver ici l’introduction de cette série d’articles
Les données des graphiques sont les mêmes que celles des graphiques de Thomas Piketty dans son livre Capital et Idéologie1. Certaines annotations sont des ajouts personnels. Le texte est adapté des slides du cours de Thomas Piketty à NYU2. Ce texte est très bref et permet d’apprécier l’objectif des graphiques, mais pas de les analyser. Vous devrez donc tirer les conclusions vous-même, ou aller les chercher du côté de son livre.
La concentration de la propriété en France au 19e siècle
La Révolution française et la fin des privilèges légaux et fiscaux de la noblesse et du clergé devaient ouvrir l’accès à la richesse. En réalité, la concentration de la propriété n’a que peu diminué pendant la révolution et les inégalités de richesse étaient plus élevées à la Belle Époque (1880-1914) que lors de la révolution.
De manière générale, la concentration de la propriété a toujours été largement plus élevée que celle des revenus. Les 50% les plus pauvres n’ont jamais possédé plus de 10% des richesses, la baisse de la concentration des richesses observée après les première et seconde guerres mondiales ne doit pas être exagérée.
Dans ces graphiques les 40% du milieu correspondent à la frange de population entre les 10% les plus riches et les 50% les plus pauvres.
Il est important d’avoir à l’esprit que la structure de la richesse à la Belle Époque est équivalente à une structure moderne : beaucoup d’actifs financiers, notamment étrangers. Il faut attendre les années 2000 pour atteindre des niveaux de capitalisation sur les marchés boursiers tels que ceux observés à Paris et à Londres durant cette époque.
Cette période n’a rien à voir avec les anciens systèmes de rente basés sur la propriété des terres. C'était également une période de forte innovation.
Le système fiscal en France au 19e siècle : accumulation en paix
Au 19e siècle, le système fiscal est très favorable aux grands propriétaires. Le système créé après la Révolution française consiste :
- D’une taxe uniforme sur l’héritage de 1%
- D’une taxe foncière au taux très faible (0,2%-0,3%)
Un impôt progressif sur le revenu fut finalement adopté en 1914 pour financer l’effort de guerre. La France fut l’un des derniers pays à adopter un impôt progressif sur le revenu (Danemark 1870, Japon 1887, Prusse 1891, Suède 1903, Royaume-Uni 1909, États-Unis 1913). La justification était que grâce à la révolution la France était un pays particulièrement égalitaire. Les données nous montrent clairement que ce n'était pas le cas. Les idéologies et les systèmes de croyances jouent un rôle important dans la justification des inégalités, aujourd’hui “l’exception américaine” sert de justification aux très grandes inégalités aux États-Unis.
Le poids du clergé et de la noblesse, variantes européennes : France, Angleterre et Suède du 16e au 19e siècle
Le cas français est assez spécifique avec une coupure nette entre l’ancien régime et la société post-révolution. De nombreux pays ont eu une transition plus graduelle.
Cette transition graduelle au Royaume-Uni se retrouve dans la progression du droit de vote des hommes.
Pour approfondir les transitions suédoise et anglaise du 16e au 19e siècle, n’hésitez pas à consulter le cours de Piketty.
Les sociétés européennes de propriétaires à la Belle Époque (1880-1914)
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Graphiques Capital et Idéologie versions originales http://piketty.pse.ens.fr/files/Piketty2020SlidesLongVersion.pdf ↩︎
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Cours n°2 Piketty à NYU - Property rights & development, 18c-19c: European variants (France, Britain, Sweden) : http://piketty.pse.ens.fr/files/PikettyNYU2020Lecture2.pdf ↩︎