Jour du dérèglement, du dépassement et plus encore

La semaine dernière le jour du dérèglement est venu s’ajouter au jour du dépassement sur notre calendrier. Mais pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Je vous propose de nouvelles dates qui permettent de s’interroger sur la meilleure manière d’allouer les ressources mondiales

La semaine dernière, on a appris que la France avait atteint le jour du dérèglement, jour auquel on a émis en 2020 la quantité de gaz à effet de serre qu’il sera possible d'émettre en 2050 lorsque l’objectif de neutralité carbone entrera en vigueur.

Avant le jour du dérèglement, on connaissait déjà le jour du dépassement. Ces dates sont des outils de communication sur la longueur du chemin à parcourir pour construire une société durable. Leurs objectifs de communication distincts impliquent des logiques de construction différentes sur lesquelles il est intéressant de s’attarder. En effet, elles interrogent sur la juste allocation des ressources au niveau mondial…

En combinant les logiques du jour du dérèglement et du jour du dépassement, on peut faire émerger de nouvelles dates.

Prenons en exemple le jour du dérèglement et du déséquilibre pour montrer l’intérêt de la démarche. Au niveau mondial, les deux dates seront par construction toujours les mêmes. Cependant, prendre l’un ou l’autre jour induit une différence au niveau national. Un pays comme la France dont les émissions importées sont supérieures aux émissions exportées est avantagé par la logique du jour du dérèglement (qui est en réalité la logique de l’objectif de neutralité carbone). Les pays avec un fort potentiel de puits de carbone par rapport à une faible population auront également moins de mal à atteindre cet objectif.
Par contre d’un point de vue éthique, le jour du déséquilibre semble supérieur. Prendre en compte l’empreinte carbone nationale est plus révélateur de l’impact sur la planète de notre mode de vie. C’est d’ailleurs ce que défend le Haut Conseil pour le Climat dans son rapport de 20191. Bien sûr, ce n’est pas sous forme de date, mais de l’idée qu’un objectif de réduction des émissions nationales est insuffisant et doit être complété par une trajectoire et un effort sur l’empreinte carbone du pays.

Maintenant, utilisons les données du Global Footprint Network (GFN) pour visualiser les différences induites par plusieurs constructions des indicateurs. Premièrement, on considère les ressources mondiales partagées ou les ressources nationales, puis la différence entre empreinte de la production et de la consommation.

Ressources nationales et ressources mondiales partagées

En s’intéressant aux données du GFN, utilisées pour déterminer le jour du dépassement, on se rend compte que certains pays, au mode de vie coûteux pour l’environnement ne dépasse en fait jamais la biocapacité de leur pays (les ressources que le pays peut renouveler en une année).
Alors est-ce que les Canadiens, Russes ou Norvégiens doivent considérer ces ressources comme leurs, et recalculer leur jour du dépassement ? Ou comme la philosophie du Earth Overshot Day l’entend, ces ressources doivent être partagées entre tous les terriens ? La seconde option semble nettement plus juste, mais est-elle réaliste ?

Ce prochain graphique est une matrice divisant les pays en quatre catégories selon que leur mode de vie excède leur biocapacité nationale ou leur part de la biocapacité mondiale.

Empreinte de la consommation et de la production



Enfin, selon qu'on parle de consommation ou de production les pays n'ont pas la même empreinte. Ce qu'il faut comprendre, c'est que l'empreinte totale est la même, elle est seulement allouée différemment aux pays. Dans les pays européens on constate sans surprise que le l'empreinte de la consommation dépasse celle de la production.

En conclusion, vivement le calcul du jour où un pays dépasse son quota de puits de carbone dans un monde neutre en CO2.


  1. Rapport du HCC : https://www.hautconseilclimat.fr/wp-content/uploads/2019/09/hcc_rapport_annuel_2019_v2.pdf ↩︎

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Alexis Konarski
Consultant Développement Durable

Passionné et préoccupé par les enjeux du développement durable je partage sur ce site quelques articles sur le sujet.

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